Internet des objets et B2B
De plus en plus d’entreprises commencent à entrevoir des bénéfices mesurables liés à l’Internet des Objets. Même si le concept n’est pas totalement nouveau (le terme « Internet des Objets » a été introduit en 1999 si je me souviens bien…) le développement et l’industrialisation de technologies telles que le Cloud Computing et le Big Data, conjugués aux progrès importants dans le domaine des systèmes à faible consommation énergétique, ont largement contribué au développement de cet Internet des Objets (aussi appelé souvent Internet of Things, ou IoT en anglais).
Il ne faut pas oublier par ailleurs que l’IoT est en quelque sorte le successeur de ce que l’on appelait encore il y a peu le M2M, ou Machine to Machine, est qui a permis à l’IoT de se développer rapidement dans certains secteurs particulièrement demandeurs de solutions M2M. Le nombre de systèmes M2M installés dans le monde est extrêmement important (plusieurs centaines de millions de capteurs), notamment par les entreprises issues du monde de l’industrie, qui les utilisent depuis fort longtemps en vue d’améliorer leur productivité.
Quelques exemples d’utilisation :
- De nombreuses entreprises de transport ont pu faire des économies de plusieurs millions d’euros en réduisant leur consommation de carburant grâce aux données capturées par des senseurs et transmises/analysées en temps réel par une plateforme Big Data.
- Des entreprises de services publics (comme EDF, Engie…) ont considérablement réduit les interventions à domicile grâce à l’utilisation de compteurs intelligents (Linky, Gaspar…) qui permettent de mettre en place une véritable stratégie de maintenance proactive
- Il existe de nombreux autres exemples dans différents marchés B2B/B2C que je vous présenterai de manière non exhaustive dans un autre papier.
L’automobile, le domicile et la santé seront probablement les prochains secteurs qui adopteront en masse les objets connectés (on voit beaucoup d’initiatives sur ces domaines depuis 12 mois) car la valeur perçue par l’utilisateur final est forte. Ce phénomène est également facilité par la généralisation du smartphone en tant que hub de choix pour tous ces capteurs.
Du M2M à l’IoT
Le M2M (ou Machine to Machine) est un mouvement clairement issu du monde B2B, à une époque où les entreprises essayaient avant tout d’optimiser leurs processus et leur efficacité via des capteurs (j’utiliserai parfois l’anglicisme ‘sensors’ dans mes papiers) et des algorithmes de traitement des signaux. Comme nous l’avons évoqué en introduction, les progrès faits dans le domaine du Cloud Computing, de la virtualisation, des systèmes basse consommation et du Big Data ont conduits la plupart des secteurs verticaux à s’inscrire dans des écosystème plus larges, composés non seulement de technologies mais aussi de nouveaux usages : c’est en fait cet ensemble que l’on pourrait appeler l’Internet des Objets.
L’inscription dans ce nouvel écosystème peut déboucher sur de belles opportunités de business mais n’est pas toujours facile à appréhender pour une entreprise. Il ne s’agit pas simplement de connecter des sensors à des plateformes (même si la connectivité peut être cruciale comme nous le verrons dans un autre papier), mais aussi d’être capable de valoriser les données ainsi échangées. C’est ce qui explique pourquoi on parle beaucoup de Big Data ou de Business Intelligence quand on évoque le sujet de l’IoT.
Le diagramme 1 décrit les principaux composants des systèmes M2M et IoT (source: Strategy Analytics)
Figure 1 – les différents composants des systèmes M2M et IoT
2015 et 2016 vont être des années charnières en matière d’IoT. Après avoir fait les gros titres de la presse dès 2014, l’Internet des Objets commence de plus en plus à être pris en considération au sein des comex des entreprises, ce qui souligne que les enjeux sont loin d’être technologiques uniquement.
Les CxO’s réfléchissent de plus en plus à l’IoT comme moyen de générer de la croissance pour l’entreprise et de la valeur pour leurs clients (IDC a d’ailleurs fait une étude sur le sujet dans ses prévisions annuelles pour l’année 2015 en Europe).
La figure 2 montre comment nous sommes en train d’évoluer vers un monde de produits plus ou moins intelligents, vers un ensemble de ‘systèmes de systèmes’ tous interconnectés (source: Harvard Business Review)
Figure 2 – évolution du ‘simple objet’ vers un ‘système de systèmes’
Définition et caractéristiques d’un système IoT
Un système IoT repose typiquement sur quatre piliers:
Les objets (appelés aussi capteurs ou ‘sensors’)
La fonction principale du sensor est de collecter des données. Il peut revêtir différents facteurs de forme mais ce qui est important c’est avant tout son autonomie : il doit en effet consommer le moins d’énergie possible de manière à minimiser toute intervention humaine sur le capteur.
Selon Michael Porter, célèbre professeur en stratégie d’entreprise de l’université de Harvard (si vous avez étudié un tant soit peu le marketing, je suis certain que vous avez du entendre parler des ‘forces de Porter’), un objet connecté remplit essentiellement 4 fonctions :
- le monitoring en temps réel de diverses informations collectées
- le contrôle, au travers de scenarii personnalisables
- l’optimisation de processus
- l’apprentissage et la prévention, avec des fonctions d’alertes et de notifications.
Un réseau de communication spécifique
Cela peut sonner comme une évidence, mais il faut garder à l’esprit que l’IoT va avoir un impact très fort sur les infrastructures de communication. Connecter des millions (voire des milliards) d’objets aura un impact non seulement sur la capacité du réseau à véhiculer ces informations, mais également sur son architecture intrinsèque : est-il préférable de concentrer la capacité maximale du réseau en son cœur ou en périphérie (« core vs edge ») ? Comment gérer les contraintes grandissantes de sécurité et de signalisation ? Ce sont quelques-unes des questions auxquelles un fournisseur de systèmes de transmission pour les objets connectés doit être capable de répondre.
Les réseaux de communication traditionnels (wi-fi, 3G, 4G…) ne sont pas forcément bien adaptés aux contraintes de consommation énergétique mentionnées précédemment, c’est pourquoi on commence à voir apparaitre sur le marché une véritable bataille entre différentes initiatives visant à promouvoir un futur standard de communication autour des objets connectés (comme la solution Lora adoptée par des opérateurs tels que Bouygues Telecom ou Orange, ou la technologie propriétaire de Sigfox). Une autre solution pourrait venir de la future 5G, qui outres les aspects concernant l’augmentation des débits, met l’accent sur le contrôle de la consommation énergétique des systèmes connectés et l’optimisation des temps de latence. Même si des expérimentations sont en cours, le véritable standard de 5G ne devrait pas voir le jour avant 2020 !
Une plate-forme Cloud Computing
Les données collectées par des millions de sensors doivent ensuite être stockées de manière fiable et sécurisée, tout en étant disponibles auprès de diverses populations d’utilisateurs ou de systèmes. De plus, la plateforme doit être la plus flexible et évolutive possible tant les besoins peuvent varier de manière entropique dans le temps.
Une plate forme de Data Analytics
Il est couramment admis que le volume de données produit dans le monde double environ tous les 2 ans et que 90% de ces données ont été produites dans les 2 dernières années. Une autre image plus parlante, consiste à dire que l’humanité a généré plus de données sur la seule année 2015 que lors des 5000 années qui ont précédées! Strategy Analytics estime d’ailleurs que d’ici 2020, 40% de ces données seront issues de sensors.
Un logiciel de type Big Data permet de faire de l’analyse intelligente (et souvent prédictive) sur de très gros volumes de données, avec un objectif double :
- Mieux comprendre et mieux cibler les utilisateurs finaux. Le ‘grand objectif’ des entreprises ici est de créer un modèle prédictif du marché qu’elle adresse de manière à évaluer des KPIs clés : le churn client (taux de résiliation, terme beaucoup utilisé dans le monde des télécoms mais pas uniquement), quel produit vendre et qui (voire à quel moment), comprendre les comportements actuels de leurs clients et anticiper les comportements futurs…
- Mieux comprendre et optimiser les processus business. Nous avons vu quelques exemples en introduction dans le secteur de l’industrie, mais d’autres secteurs sont très demandeurs, comme la logistique (optimisation des supply chains) ou encore le commerce de détail (amélioration de la gestion des stocks).
Diagramme 3 – les principaux composants d’un système IoT (source : Orange Business Services)
Nous voici au terme de cette introduction (un peu longue) consacrée à l’Internet des Objets. Dans les futurs papiers que j’écrirai sur le sujet, je vous propose d’aborder plus en détails le marché général de l’IoT en France (quels sont les catalyseurs, les inhibiteurs) et quelle est l’adoption des solutions IoT au sein de différents secteurs économiques.
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